L’Oronte
Extrait du livre de Mohamed Al Dbiyat
L’Oronte, un fleuve vital. L’Oronte, ou « al Assi » en arabe, est le seul
véritable fleuve des pays du Levant. Il draine la Syrie intérieure, du revers
du Liban aux avant-monts du Taurus, sur 610 km de long et son bassin s’étend
sur plus de 23 000 km2 (Litani : 2220 km2 ), dont 13 800 km2 en Syrie (J.
Weulersse, 1940, p. 5). C’est l’axe autour duquel s’articulent la vie et
l’économie de la Syrie centrale et de la partie ouest de la Syrie du Nord, qui
abritent près de 20 % de la population syrienne, ainsi que plusieurs villes
importantes dont Homs et Hama. C’est le long de son cours que la vie urbaine
s’est développée et organisée depuis la naissance de ces villes : pour ne citer
que les plus grandes, les villes antiques d’Apamée ou d’Emese (Homs),
d’Épiphanie (Hama) et d’Antioche, toujours arrosées par le fleuve. Ses eaux,
bien que peu abondantes (13 m3 par seconde à son entrée en Syrie) ont donné
naissance à l’un des paysages caractéristiques de la Syrie : « les jardins de
l’Oronte », rivaux des jardins de Damas (la Ghouta). Par ailleurs, sa proximité
avec les steppes situées plus à l’est lui donne aussi une valeur particulière :
il offre un autre paysage et propose un lieu d’estivage pour les éleveurs
nomades. L’Oronte est une création de la tectonique : c’est la plaine qui a
créé le fleuve. Son cours correspond en effet au grand fossé d’effondrement
syrien, d’axe Nord-Sud, qui fait partie du rift de la mer Rouge : depuis la
Béqaa au Liban, où se trouve le point de départ de la vallée de l’Oronte,
jusqu’à la dépression de l’Amouk dans le sandjak d’Alexandrette (annexé par la
Turquie en 1939), en passant par la dépression du Ghab, le fleuve se jette dans
la Méditerranée après la ville d’Antioche. L’Oronte ne dépend pas d’une seule
source, mais de séries de sources, dont la principale est appelée Ain al Zarqa
(la source bleue). En effet, il s’agit d’une série d’importantes de sources
(échelonnées sur une longueur de près de 500 m) qui jaillissent dans le lit
même du fleuve au niveau d’Hermel (au Liban). Elles totalisent un débit moyen
de 12 m3 /s à une altitude de 657 m. Dans son ensemble, l’Oronte apparaît comme
un fleuve composite fait de la succession de cinq cours différents : — torrent
de la montagne libanaise jusqu’à Homs ; — rivière du plateau syrien aux
alentours de Hama ; — canal de drainage dans le fossé tectonique du Ghab ; —
après un défilé rocheux, canal de drainage dans le fossé tectonique de l’Amouk
; — rivière méditerranéenne à partir d’Antioche. L’omniprésence des montagnes
autour du bassin de l’Oronte se traduit par des caractères hydrologiques
communs à tout le bassin : abondance et violence des précipitations pluvieuses,
intensité de ruissellement, apport d’eau massif et brusque, en un mot régime torrentiel
(J. Weulersse, 1940). Ainsi, l’Oronte entre en Syrie avec un débit de 13 m3 /s
pour se jeter dans la Méditerranée avec plus de 70 m3 /s, du fait des apports
importants sur son parcours, notamment au niveau de la dépression du Ghab, que
l’Oronte canalise et où il reçoit un peu plus de 20 m3 /s. Mais ce qui fait
aussi l’intérêt de ce fleuve pour l’aménagement des norias, c’est son caractère
karstique qui a pour conséquence un débit sans trop de variations brusques au
long de l’année.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire